3

 

Dans un nuage, quatre cavaliers dépassèrent la clairière à fond de train. La fugitive respira. Mais presque aussitôt ils tournèrent bride et revinrent s’arrêter face au petit groupe, juste assez près pour le tenir à portée des lances qu’ils pointaient devant eux. Les chevaux, nerveux, renâclaient et tiraient sur leurs rênes. Azilis eut peine à maîtriser Ormé.

— Ne joue pas les héros, Aneurin. Rends-moi Azilis et l’esclave. Nous te laisserons partir ensuite.

C’était Lucius Arvatenus. Le visage rouge, couvert de sueur, il toisait Aneurin avec mépris. Son essoufflement satisfait était celui de la chasse réussie, de la partie achevée. Ne restait plus qu’à ramener le gibier. Ainsi Marcus avait envoyé cette brute avec trois hommes qu’elle n’avait jamais vus – sans doute des gardes de la maison de Lucius.

— Ma cousine ne veut plus vivre à la villa maintenant que son père est mort, répondit posément Aneurin. Elle a décidé de m’accompagner en Bretagne.

— C’est à Marcus de décider ce qu’elle doit faire, décréta Lucius. Elle est mineure et elle lui doit obéissance ! Or il me la donne en mariage, que ça lui plaise ou non.

Azilis s’avança.

— Il n’a pas le droit de me forcer à t’épouser !

— Tu es trop jeune pour comprendre ce qui est bon pour toi, répliqua Lucius d’un ton péremptoire. Et pense à Sabina. La naissance de son fils l’a épuisée. Elle a la fièvre et te réclame. Tu vas l’abandonner ? La laisser mourir ?

À mesure qu’il reprenait son souffle, Lucius s’adoucissait et devenait mielleux. Azilis entrevit le visage ravagé de la pauvre Sabina. Elle savait que les fièvres qui suivaient certains accouchements étaient souvent mortelles. Contrairement à ce qu’espérait Lucius, cette nouvelle renforça sa décision. Car elle s’imagina aussitôt mettant au monde un fils de lui.

— Tu diras à Sabina que je la félicite pour la naissance de son fils. Quant à Marcus, annonce-lui que je ne reviendrai pas. Il devrait s’estimer heureux d’être débarrassé de moi. Il m’a toujours détestée.

— Sois raisonnable, Azilis, fit Lucius de la voix que l’on prend pour convaincre un enfant capricieux. Je t’offre fortune et amour et tu cours les routes derrière ce misérable harpiste ? Qu’a-t-il pu te promettre ? Tu ne vois pas que ce qui l’intéresse, ce sont tes chevaux et ton argent ?

— Pauvre idiot ! C’est moi qui ai décidé de le suivre ! Il ne m’a rien demandé ! Écoute-moi bien, Lucius. Tu me répugnes. Je préférerais mourir plutôt que t’épouser !

Lucius Arvatenus blêmit. Ses doigts se promenèrent en tremblant sur la garde de son épée.

— Tu vas me suivre, Azilis ! Tu seras ma femme, que tu le veuilles ou non. Si tu es encore vierge… Ce qui reste à prouver !

— Comment oses-tu ?

Lucius sauta à terre, l’épée au clair, le visage déformé par un rictus. Deux de ses hommes, la lance à la main, se dirigèrent vers Aneurin et Kian.

— Ne fais pas cela, Lucius, l’avertit Aneurin. Je ne tiens pas à te tuer.

Lucius Arvatenus ne parut pas l’entendre. Les yeux fixés sur Azilis, il avançait lentement, sûr de tenir sa proie.

— Attaque ! hurla-t-elle.

Le molosse n’attendait que ce cri. Lucius Arvatenus voulut le frapper mais le chien saisit le bras qui tenait l’épée et l’homme s’écroula sous la bête. Une joie sauvage envahit Azilis. Comme elle le haïssait ! Quelle vengeance de voir Ormé le mordre !

Des cris retentirent. Le combat était engagé. Kian avait paré une lance avec son bouclier. Il affrontait un homme casqué, armé d’un glaive et d’un poignard. Aneurin s’était jeté à terre et la deuxième lance s’était perdue dans les fourrés. Son cousin paraissait si frêle ! Il n’avait même pas de bouclier face au géant au crâne rasé qui se jetait sur lui. Mais il était agile et vif. Et chaque fois qu’elle heurtait la lame adverse, Kaledvour lançait des étincelles.

Une plainte déchirante la poussa à se retourner vers Lucius et Ormé. Un cri d’horreur lui échappa. Le dernier des cavaliers n’avait pas bougé. Il venait de sauver son maître en atteignant le molosse avec sa lance. Le dogue se tordait sur le sol, l’arme plantée dans son dos. Lucius se redressa en chancelant.

Sans réfléchir elle se précipita vers son chien, arracha la lance et se jeta sur lui en pleurant. Ormé avait cessé de se débattre. Ses yeux étaient ternis par la mort. Relevant la tête, elle vit Lucius tituber dans sa direction, soutenant de sa main gauche son bras ensanglanté. Son faciès était un mélange inexprimable de douleur, de rage et de folie.

— Petite vaniteuse ! Tu te crois supérieure ? Toujours à me mépriser, à me ridiculiser ! Tu aimes me voir ramper à tes pieds, hein ? Mais je me vengerai !

Terrorisée, elle recula, tâtonnant pour trouver de quoi se défendre. Ses doigts rencontrèrent la lance qui avait tué Ormé. Dans un élan désespéré elle s’en saisit, espérant confusément faire reculer l’agresseur. Celui-ci se jetait déjà sur elle. Elle leva l’arme dans un geste instinctif. Elle tomba en arrière quand Lucius la heurta de plein fouet. Un hurlement déchira ses tympans.

Lucius Arvatenus était à genoux. La lance, au-dessous de l’épaule droite, l’avait traversé de part en part. Il tentait en vain de la retirer, les traits crispés par la douleur. Azilis hurlait, incapable de bouger, incapable de quitter des yeux cet homme qui se débattait. Soudain elle vit Kian surgir derrière le blessé. L’esclave le prit par les cheveux, tira sa tête en arrière, le regarda droit dans les yeux et, lentement, sans le quitter du regard, il l’égorgea.

Au même instant, Aneurin levait Kaledvour. L’épée capta un rayon de soleil, le réfléchit en mille jets, se transformant en une arme de lumière qui s’abattit sur le guerrier chauve et le foudroya comme l’éclair.

— Azilis ! Domna ! Tu es blessée !

Kian l’aida à s’asseoir tout en cherchant la blessure d’où s’écoulait le sang dont elle était couverte.

Elle secoua la tête, désigna Lucius du menton.

— Tu es sûre ? Tu es livide !

Un goût de fer emplissait la bouche d’Azilis, un froid glacé l’envahissait. Au fond d’elle, une voix s’étonnait qu’un homme qui venait d’en égorger un autre si froidement pût faire preuve d’une telle douceur. C’était aussi incompréhensible et vertigineux que la scène de massacre qu’elle avait sous les yeux.

Lucius Arvatenus était tombé sur le côté, les yeux écarquillés. À quelques pas le corps massif du guerrier au crâne rasé gisait face contre terre, près de l’homme qu’avait tué Kian, non loin d’Ormé.

Dans la prairie, les marguerites étaient parsemées de taches pourpres.

— Je ne supporte pas ces tueries, dit Aneurin qui s’approchait très pâle. Je ne les supporterai jamais… Mon Dieu, Azilis, tu es couverte de sang !

— Je n’ai rien… Ormé !

— Je sais, dit Aneurin, posant la main sur son épaule. Repose-toi un peu. Et puis tu iras te laver au ruisseau. Tu ne peux pas arriver ainsi à Condate, il faudra changer de vêtements.

— Tu te bats bien, remarqua Kian qui essuyait la lame rougie de son épée sur une brassée d’herbes hautes.

— Ce n’est pas moi, c’est Kaledvour. Toi tu te bats vraiment bien !

Azilis luttait contre la nausée. Elle tenta de se relever, ses jambes se dérobèrent.

— Reste assise encore un moment.

— Ne traînons pas, intervint Kian, le dernier des cavaliers s’est enfui. Il va avertir Marcus et il peut décider de faire la route au galop, même s’il doit tuer son cheval.

— Nous aurons malgré tout une bonne avance. Mais, Kian, tu es blessé. Ton bras…

— Pas grand-chose. Un coup de dague.

Il fit tourner le poignard dans sa main.

— Très belle dague, d’ailleurs. J’aimerais la conserver. En souvenir.

— Tu la mérites, acquiesça Aneurin. Bon, allons cacher les cadavres plus loin. Inutile que quelqu’un les remarque depuis la route.

Azilis ferma les yeux. Oh oui ! Faire disparaître les corps ! Surtout celui de Lucius Arvatenus. Effacer jusqu’au nom et au souvenir de cet être. Comment Aneurin et Kian parvenaient-ils à rester calmes ?

— Récupérons ce qui peut l’être, domne, ajouta Kian.

— Ne m’appelle pas domne. Je ne suis pas ton maître, tu n’es pas mon esclave. Nous sommes compagnons d’armes et compagnons de route.

Azilis resta allongée pendant qu’ils traînaient les cadavres à l’écart. Un affolement d’images et de questions sans suite se bousculaient dans son esprit. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ?

— Les coups du sort se succèdent soudainement. Il en est souvent ainsi.

La voix infiniment douce d’Aneurin murmurait tout près d’elle. Elle tourna la tête et lui jeta un regard. Il était accroupi près d’elle. Il avait deviné le cours de ses pensées. Il avait les sens aussi aiguisés que Rhiannon. Et puis, n’était-il pas barde ? Les bardes appartenaient au corps des druides, dans l’ancienne religion. Il prétendait que Kaledvour faisait tout, qu’il ne savait pas se battre. Mais n’était-ce pas lui qui avait donné à l’épée ses pouvoirs ?

— Il faut te laver, petite cousine. As-tu de quoi te changer ? Toi aussi, Kian, tu es couvert de sang.

Kian aida Azilis à se remettre sur pied, à trouver dans son sac des braies et une gonelle propres. L’eau fraîche lui rendit un peu de courage.

Elle retourna se changer derrière le saule où une heure plus tôt elle avait ôté ses vêtements mouillés en chantonnant. Quand elle revint, les deux hommes avaient rassemblé les montures et discutaient avec animation.

— Ces chevaux sont superbes, on en tirerait un bon prix ! disait Aneurin.

— On nous prendra pour des voleurs, répliqua Kian en secouant la tête. Les soldats de la cité nous poseront mille questions.

— Nous prétendrons que nous sommes des marchands !

Kian souleva un sourcil sceptique. Aneurin soupira :

— Tu as sans doute raison. Contentons-nous de prendre celui de Lucius Arvatenus. À lui seul il vaut autant que les deux autres.

— J’enlève sa selle, dit Kian. Ça sera moins suspect.

Azilis posa la main sur le bras d’Aneurin :

— Qu’avez-vous fait d’Ormé ?

— Il est là-bas, répondit-il, derrière le bosquet de châtaigniers. À côté des corps.

— J’aurais voulu lui dire adieu.

Ormé. Le chiot voué à la mort par Marcus. Les années de courses endiablées dans le chemin aux Chats-huants, le mont Vouge, le bain de Diane, la forêt de l’Ancienne…

— Ce n’est pas une bonne idée, domna, insista Kian en l’entraînant fermement vers son cheval.

Elle n’insista pas. Elle ne voulait surtout pas revoir les yeux révulsés de Lucius Arvatenus.

L'épée de la liberté
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